(5) Crise adolescente - Deuxième partie
Au cours de ces deux années adolescentes, ma quête pour découvrir mes racines s’est révélée être une aventure à la fois riche et complexe. Ce périple m'a plongée dans des profondeurs d'interrogations et de doutes, mais il m'a également offert des moments d'émotion intense et des découvertes inoubliables. Dans les chapitres à venir, je vous invite à partager ces instants marquants qui ont jalonné ma recherche. Comme je l’évoquais dans l’article précédent, j'aimais profondément mes parents et ma sœur ; il n’y avait aucun doute, ils étaient mes proches. Pourtant, une question continuait de me ronger : qui étais-je réellement ? D’où venais-je ? Quel était mon héritage familial ? Autant d’interrogations troublantes pour lesquelles je cherchais désespérément des réponses que mes parents ne pouvaient m’apporter.
Ma mère, tout comme mon père, subissait de plus en plus l'impact de mon comportement. J'étais si absorbée par mon mal-être que je ne voyais pas qu'il entraînait mes parents dans une souffrance immense. Même l’autorité de mon père, je la repoussais. Lorsqu'il me faisait des remontrances, je lançais des mots douloureux, des mots qui résonnent en moi encore aujourd'hui avec honte : « Tu n’es pas mon père, tu n’as rien à me dire et tu ne peux pas me donner d’ordre, tu n'es pas mon père ! »Pour mes parents, c'était trop. Ils voyaient, jour après jour, semaine après semaine, qu'ils étaient en train de perdre leur deuxième fille et qu'ils allaient revivre l’expérience dévastatrice connue auparavant avec ma sœur. Ils perdaient le contrôle de leur autorité parentale et surtout, ils craignaient de perdre l'amour de leur enfant. Aujourd'hui, en tant que mère, je prends conscience à quel point cette période infligée à mes parents fut un véritable calvaire pour eux. Leur seule arme pour y faire face était leur foi en Dieu, leur récitation quotidienne du chapelet et leur empathie à mon égard.
À cette époque lointaine, à l'âge de 15 ans, je me rappelle mes deux dernières années d'école passées à la Maison Familiale de Jallais, dans le Maine-et-Loire. Je préparais un BEP sanitaire et social, car il faut bien l'avouer, les études n'étaient guère mon fort. Je disais souvent à mes parents qu’être missionnaire ne nécessitait ni baccalauréat ni diplôme de quelque nature que ce soit. Car oui, depuis mon enfance, une certitude profonde brûlait en moi : mon rêve était de devenir missionnaire en Afrique.
Un jour, alors que je regardais une émission en noir et blanc, à cette époque où l'on parlait des stars et de leur vie scintillante, quelque chose s'est éveillé en moi. À la fin de l'émission, portée par un élan de passion, je me suis levée, me tenant devant cet écran qui captivait mes rêves. Le cœur battant, je levai les bras vers le ciel, et d'une voix pleine d'espoir, j'ai proclamé avec fermeté : « Moi aussi, un jour, je serai une star du Ciel, je serai connue sur la terre et dans les cieux. » Cette promesse à moi-même, pleine d'innocence, et en même temps de détermination, scellait une part de ma destinée, illuminant mes aspirations les plus profondes.
Pour la première fois dans ma vie, j'avais enfin un but, une réponse à mes interrogations profondes. Je ressentais un désir ardent de devenir utile pour le Ciel, de travailler pour des idéaux qui dépassaient ma simple existence. Chaque jour, je me levais avec la conviction que mes actions pouvaient avoir un impact significatif, non seulement sur ma propre vie, mais aussi sur celles des autres. Ce chemin nouveau allait me permettre de trouver un sens à ma vie, de nourrir mon rêve d'être un jour missionnaire et de servir une cause bien plus grande que moi-même.